Les chalets de Vormy
Ou comment le froid ne vous démotive pas.
Par Valérian le
Résumé de l’aventure :
Départ : Nous sommes partis du parking des randonneurs à l’entrée du village de Romme par la D119.
Nous avons suivi un chemin balisé qui longe le téléski du Grand Tour.
Que faire début juin ? Et pourquoi pas sauter dans ses chausses les plus chaudes et grimper dans le massif des Aravis pour voir si le monde est plus vert là-haut. C’est comme cela qu’avec l’ami Joe nous nous sommes retrouvés sur le chemin des chalets de Vormy.
Tout commence un frais matin de début juin au parking des randonneurs du village de Romme. Au passage, si vous compter laisser votre véhicule sur le parking pour une journée ou plus, renseignez-vous qu’il n’y ai pas de manifestations ce jour-là. Romme est beaucoup plus animé qu’il n’y parait. Et parfois, le parking est privatisé (sans qu’il n’y ait d’affichage visible sur celui-ci).
Une fois le parking quitté nous traversons le village. Le temps est maussade, le ciel est gris et les nuages n’ont pas l’intention de disparaitre. Ils sont là pour rester, mais pour autant ils ont la gentillesse de ne pas se vider sur nous.
Il fait frais, mais comme ça commence à grimper lorsque nous arrivons au début du chemin pour véhicule tout terrain, nous avons vite chaud.
La piste est large et la pente légère. Nous déambulons entourés de hauts arbres. Ici comme ailleurs les sapins ont souffert et beaucoup ont abandonné la partie. La vue est déjà belle alors que nous n’avons pas encore fait 1Km.
Nous croisons un cycliste, lui aussi bien motivé. Joe et lui échange pas mal sur les coins à faire et ce qui vaut le coup ou pas (mais avec ma passoire, pardon, ma mémoire je n’ai pas tout retenu…). Il nous conseille de passer par Méry et le Reposoir pour redescendre car c’est une belle balade. Il nous explique que la meilleure période c’est vers milieux fin juin quand les fleurs sont présentes. Pour l’instant avec l’hiver qui se poursuit ici, les fleurs sont un peu en retard.
Nous continuons notre chemin pour faire une première halte au chalet des Vuardes. Une simple bâtisse en bois, mais qui doit ressembler à un refuge douillet si l’on se trouve face à une météo désastreuse. Instant vieux con, si les gens pouvaient arrêter de graver leurs noms sur les murs de ce genre de lieux, nous vous en serions tous reconnaissant, fin de l’instant vieux con.
Lorsque nous quittons la forêt, des masses blanches, un peu sales, commencent à apparaitre en pâté, ici et là. Oui, il y a de la neige et plus nous avançons, plus les plaques sont grandes. Il faut dire que la veille il est tombé 20cm au chalet Alfred Wills, qui n’est pas si loin d’ici. Oui, il fait froid et les nuages forment toujours une masse compacte.
Nous commençons à arriver à des points de vue en hauteur où il nous est possible d’admirer la vallée en contrebas, elle aussi sous d’autres nuages.
Le chemin est maintenant partiellement recouvert de neige et il n’y a plus le choix que de passer dessus. Enfin, le choix, nous pourrions contourner la première, mais marcher dans la neige même quand on a plus 10 ans, cela reste fun.
Notre marche ne nous mène pas loin de la Tête de la Sallaz. Le chemin se rapproche de son point culminant pour ensuite, doucement, commencer à descendre en direction des Chalets de Vormy.
Les Chalets de Vormy sont un ensemble de bâtiments en bois, tous fermés lors de notre passage. Il y a là de quoi faire le plein d’eau dans les abreuvoirs des vaches. De ce que nous pouvons voir, il y a une étable et de nombreux petits chalets privés, ainsi qu’un plus grand qui doit pouvoir accueillir du public. Si vous arrivez à la bonne saison, il est possible d’acheter du fromage fait sur place.
Il est temps de poser les sacs et de se reposer un peu. Il est presque midi et nous avons déjà bien marché. Nous faisons le tour du propriétaire. Tout est clos et il n’y a pas âme qui vive. De temps à autre nous entendons des marmottes siffler, il y a aussi l’activité en bas dans la vallée qui perturbe le silence.
Nous recroisons notre cycliste qui nous explique qu’il a été obligé de faire demi-tour, car impossible de passer par Méry, un mur de neige bloque le passage. Je suis assez curieux de voir ce mur de neige. Nous verrons bien plus tard s’il est possible de s’y rendre.
Le repas terminé, on reprend la route qui se transforme en petit chemin parfois disparaissant sous la neige. Nous arrivons à la jonction qui mène à la gueule à vent. Nous sommes censés pouvoir voir le bois de Méry, ou celui de Vallon. Mais il y a comme un problème de brume épaisse. L’autre partie de la vallée est noyée sous les nuages. Ce n’est même pas la peine d’envisager de descendre du Méry. La tête et la pointe du château sont sous une épaisse couche de neige. Il nous semble trop peu prudent de s’y essayer. Aventurier, oui mais nous avons aussi nos limites.
Nous préférons poser les sacs et nous approcher du bord de la falaise. Avec un peu de chance nous devrions voir quelques animaux.
Le premier traversant en courant notre champ de vision ressemble de loin à un grand écureuil roux. J’ai réussi à le capturer en photo, malgré sa rapidité. J’aurais dû me douter qu’à cette distance cela ne pouvait pas être un écureuil… La photo est sans appel, c’est un renard… Je risque d’en entendre parler pendant longtemps de ce Grand Ecureuil Roux. Joe me fait la remarque que quelque chose bouge sur une roche en contre bas assez proche de nous. En effet une marmotte se repose et prend la pose.
Soudain, un bruit étrange se fait entendre. Un genre de hurlement d’animal blessé. Impossible avec la configuration du lieu de savoir s’il est loin ou non. Nous ne sommes pas particulièrement rassurés et cherchons à voir d’où peut bien provenir ce hurlement glaçant et surtout de quel animal. Avec le téléobjectif de l’appareil photo, nous essayons de voir sur le versant du mont qui nous fait face, la Tête de la Sallaz, jusqu’à apercevoir quatre formes humaines qui se dirigent vers ce qui semble être le point d’origine des hurlements. Sans prévenir, l’une des formes lointaines hurle à son tour : « Rintintin vient ici ! ». Nous sommes de l’autre côté des Chalets de Vormy, il doit bien y avoir 1Km entre nous et la famille de Rintintin, et pourtant j’ai l’impression qu’il est à 10 mètres de nous. Et puis, le silence s’installe. La famille disparait sous la brume et nous ne la reverrons plus.
L’heure du repas avance et celle du coucher aussi. Nous espérons que le ciel se dégage cette nuit pour pouvoir observer les étoiles.
1h du matin, non c’est bouché, des nuages partout, on va en profiter pour dormir.
A 5h du matin, Joe s’excite et commence à me secouer. Les nuages ont fait un peut de place, et l’on va avoir le droit à un lever de soleil comme seuls les bivouacs en montagne ont le secret. Tout est en place pour immortaliser ce moment. Nous en prenons, encore une fois, plein la vue. Des couleurs magnifiques parent les montagnes face à nous. Nous profitons pleinement de ce spectacle avant d’aller prendre le petit déjeuner.
Nous sommes rapidement prêt à repartir, car les nuages sont de retour et nous sommes dedans. Nous repartons par un autre chemin. Nous avions repéré une petite grotte, qui se révèle être un trou qui ne permettrait même pas de s’abriter.
La descente se fait dans les nuages avec au loin des bruits de moteurs que l’on malmène. Plus on se rapproche de Romme, plus les moteurs grondent. Nous apercevons notre véhicule sur le parking des randonneurs. Celui-ci est entouré de voitures multicolores. C’est le week-end de la Montée historique du Faucigny, et nous sommes garés en plein dedans.
Durant le retour nous choisissons de bifurquer au chalet des Vuardes et de prendre l’autre chemin proposé. Celui-ci serpente gentiment dans la forêt pour finir par s’ouvrir sur une piste de ski. Le chemin qui serpente sur de la piste de ski finit d’achever nos genoux déjà bien fatigués.
Encore un bivouac bien agréable.