Lac D'Anterne - Sixt-Fer-à-Cheval
La où la Terre du Milieu commence
Par Valérian le
Début septembre destination Sixt-Fer-à-Cheval !
Résumé de l’aventure :
C’est une randonnée et un bivouac d’une nuit au bord du Lac d’Anterne qui loge dans la réserve naturelle de Sixt-Passy à Sixt-Fer-à-Cheval (74740). Elle est accessible aux petits et grands qui n’ont pas peur des pentes et de marcher pendant quelques heures (nous on a mis 7h, mais je ne suis pas un rapide). Il n’y a pas de réelle difficulté sur ce trajet.
Nous sommes partis aux aurores pour une ballade sur le tracé du GR5 qui, pour nous, commence au parking du Lignon et se termine donc au Lac d’Anterne en passant (un très agréable moment) par le chalet d’Anterne (le refuge Alfred Wills), tout ça pour une nuit sous les étoiles.
Départ : depuis le parking du Lignon 46°01'16.1"N 6°46'05.6"E qui est tout au bout de la route du Lignon. Puis suivre le GR5 – GR96. Aux cascades de la Sauffaz et de la Pleureuse de Sales, prendre à gauche pour suivre le GR5.
Cette randonnée nous l’avons faite avec Joe au début du mois de septembre 2020. Nous avons profité d’un déconfinement temporaire pour filer dans les Alpes savoyardes et faire le plein de nature et de grands espaces.
Nous avons pris la route un vendredi soir pour arriver dans la nuit la plus totale au bout de la route du Lignon vers 23h30. Je n’ai pas l’habitude des routes de montagne en lacets et franchement encore moins quand la route n’est pas large et plongée dans l’obscurité. Chaque virage est une découverte !
Avant notre départ, nous nous posions la question du couchage pour la nuit du vendredi au samedi. Un hôtel, sortir et planter la tente ou aménager la voiture pour dormir ?
Avec Joe, nous étions assez dubitatifs sur l’utilisation de cette chère Honda Civic comme moyen de couchage. Mais force est de constater que les sièges avant bien poussés et arrière repliés, cela offre un bel espace pour y coucher à plat sans avoir à plier les genoux. Avec nos matelas gonflables et les sacs de couchage, le sommeil n’a pas été si mauvais. Autre avantage certain, si vous êtes avec un ronfleur de type ours des cavernes résonnantes, le simple fait de se retourner fait bouger le véhicule et secoue notre cher générateur de bruit.
Et puis, lorsque l’on ouvre les yeux en pleine nuit et que l’on peut voir au-dessus de notre tête le ciel étoilé par la lunette arrière, oui, cette voiture est un bon moyen de couchage d’appoint.
Nous avons quitté le parking vers 7h du matin. Et déjà à cette heure matinale des coureurs courageux partent affronter les pentes, sans compter un couple de retraitées bâtons en main et sac léger sur le dos ou encore cette femme courageuse au sac à dos rempli de pains, certainement à destination d’un des refuges.
Comme à notre habitude, nous partons chargés comme des mules, mais des mules heureuses qui vont profiter du paysage qui va s’offrir à elles.
Le début du chemin est peu pentu, large et le sol assez plat, mais ça ne durera pas. Avant même d’arriver à un promontoire qui donne sur les cascades de la Sauffaz et de la Pleureuse de Sales, le chemin s’incline un peu plus et des roches éparses hérissent le sol.
Depuis le promontoire nous pouvons observer les cascades de la Sauffaz et de la Pleureuse de Sales. Celle de droite fait penser à un écoulement de larme, et c’est de là d’où vient son nom, la Pleureuse. Celle de gauche c’est la Sauffaz qui est alimentée par le torrent du vallon de Sales. Ces deux cours d’eau qui se rejoignent donneront plus bas, sur la route du Lignon, la cascade du Rouget.
Le chemin sinueux se poursuit. Il faut faire attention où nous mettons les pieds, entre les roches glissantes et les racines des arbres mises à nu par les marcheurs. La forêt se fait moins dense et plus basse à chaque pas, mais l‘on peut encore sentir de fortes odeurs de sous-bois et de fruits macérés.
La forêt s’arrête après un petit col. De chaque côté de l’étroit chemin les pentes sont raides mais une végétation basse s’y accroche encore. Nous avons une vue imprenable sur la pointe des places et la dent de Verreu. Une vallée entière à nos pieds, avec au loin la ville de Salvagny. C’est idiot, mais on se sent tout petit face à ce vide à nos pieds.
L’étroit chemin se poursuit pour arriver au collet d’Anterne. Et c’est là où l’on va se prendre une gentille claque. Si l’on daigne pousser le pas jusqu’à la grande croix en bois, nous surplombons toute la vallée, mais nous avons aussi un excellent point de vue sur la Grande Vire du Buet, une sorte de cirque imposant avec quelques bâtisses en son sein.
Mais continuons un peu notre chemin sur une dizaine de mètres en direction du refuge Alfred Wills, le meilleur est à venir. Ma carrière de randonneur est encore bien jeune, et après avoir apprécié un court repos pris sur ce plateau, le chemin arrive à une petite crète et se met à descendre doucement. Oui, j’avais bien vu cette impressionnante et monumentale roche nue que sont les Rochers des Fiz. Mais passé cette petite crête, qui pourtant ne cachait pas grand-chose de la vue sur la Montagne d’Anterne, j’ai eu l’impression de basculer dans un autre monde. Je n’étais plus en France ni dans cette réalité, j’ai suivi la marmotte blanche dans un autre univers. Croiser un hobbit en train de se reposer dans l’herbe haute ne m’aurait même pas choqué. Il y a cette plaine verdoyante coincée dans un cirque où coule doucement une petite rivière entourée de sapins éparses dont un a poussé, bravant toutes les difficultés, sur un énorme rocher qui, lui, a dû se soustraire aux autres des Fiz pour rouler jusque-là et ne plus en bouger. Le chemin serpente maintenant entre ses roches qui jonchent le sol, comme les Lego de la chambre d’un enfant, et ses sapins de plus en plus rares.
Nous avons fait une halte bien méritée au refuge Alferd Wills. C’est un refuge en bois au toit de taule avec quelques constructions en pierres sèches. C’est un vrai refuge, dans le sens où l’on s’y sent à l’abri et en sécurité. L’accueil est chaleureux, la bière est locale (et très bonne), elle vient de la Brasserie du Mont Blanc, et la nourriture est tout aussi savoureuse. L’omelette que nous avons pu déguster était faite avec les œufs des poules qui se baladaient entre les tables. Clairement, si vous passez dans le coin, prenez le temps de vous y arrêter et de discuter avec les gardiens.
Sur la terrasse du refuge, j’ai vraiment pris conscience de la hauteur de ces Rochers des Fiz et de la dangerosité de s’en approcher. À leurs pieds git un pierrier qui nous rappelle qu’à chaque instant une roche peut se défaire et soumise à la gravité, s’écraser au bas.
C’est bien beau de se reposer dans ces terres du Gondor, mais la tente n’est toujours pas plantée et surtout il reste encore du chemin et une sacrée montée avant d’atteindre le lac d’Anterne. Nous poursuivons donc notre chemin qui va zigzaguer sur une colline, où quelques marmottes vivent. Il n’y a plus que de l’herbe un peu jaunie et des roches grises. Le temps est incertain et de gros nuages glissent sans se presser dans le ciel.
La monté est longue et rendue difficile par le chemin déjà parcouru. Mais comme d’habitude, cela en vaut le coup. Car arrivés en haut de cette colline, nous pouvons enfin admirer le lac. Il est là, coincé dans son enclave à refléter ce qui l’entoure. Pas une ride à sa surface, il est d’un calme, le même qui règne ici.
Nous choisissons une bute à l’opposé des rochers des Fiz pour qu’il puisse faire partie du panorama de cette nuit lors de nos photos nocturnes et pour éviter l’humidité de la nuit qui s’élèvera du lac.
Bien que nous soyons fatigués, le paysage nous appelle. Il faut absolument que l’on fasse le tour du lac. Lors de cette petite promenade soulagée du poids de nos sacs, nous avons découvert la perte du lac. C’est tout simplement là où l’eau du lac vient se perdre entre les roches pour ressurgir plus bas en contre-bas. C’est assez drôle de voir cette eau disparaitre sans jamais remplir ce trou.
C’est vraiment un endroit magnifique, où les nuages glissent et obscurcissent le ciel et nous plongent dans la grisaille mais seulement pour quelques instants. Comme s’ils essayaient de nous faire passer un message, rien ne reste, « rien n’est éternel, tout est éphémère. »( Mazouz Hacène). Quoi qu’il en soit, c’est un plaisir simple de s’assoir et de regarder ces nuages s’accrocher à la montagne et se déchirer sur les pics pour se laisser transpercer par quelques rayons de lumière. La nuit a été fraiche et agréable. Les étoiles étaient au rendez-vous et la beauté de la nature a fait le reste.
Ces petits week-ends qui cassent notre routine sont trop courts. J’aurais aimé rester juste une journée de plus pour déambuler autour du lac et en apprécier les couleurs tout au long de la journée. Prendre vraiment le temps de faire des photos et de se ressourcer. J’aurais aimé trainer mes semelles jusqu’au Col d’Anterne et voir ce qu’il y a de l’autre côté. Mais il faut déjà rentrer, il y a encore de la route jusqu’à nos foyers respectifs. Mais nous reviendrons, car il y a encore tant à découvrir ici.