La Montagne de Sous-Dîne

Le bivouac sur un plateau


La Montagne de Sous-Dîne au début de juin 2021.

Résumé de l’aventure :
C’est une randonnée et un bivouac d’une nuit sur le plateau de la Montagne de Sous-Dîne. Une chouette randonnée sans réelle difficulté sauf qu’elle comporte quelques passages techniques qui nécessitent un baudrier.

Départ : Parking du Chesnet (807, 799 Chem. du Chesnet, 74800 La Roche-sur-Foron) puis suivre le Chemin Rural d’Orange à Mont Piton.

Pour cette nouvelle aventure nous partons à quatre et toujours guidés par l’intrépide Joe. Nous allons avoir notre lot de sensations fortes, de suspense et de rebondissement. Randonner, même sur des chemins balisés, reste une grande aventure !

La partie du chemin qui mène du parking au Chalet de Balme ressemble à une balade du dimanche dans une forêt. Le chemin est large et des 4x4 peuvent y passer aisément. La promenade se fait à l’ombre des arbres au frais. La pente peut parfois être raide, mais la plupart du temps le dénivelé est faible.

La montagne Sous-Dîne
La montagne Sous-Dîne

Nous avons traversé plusieurs ruisseaux dont celui du Pouarc (sous entendu que si vous y allez avec des enfants, ne vous attendez pas à ce qu’ils reviennent avec les pieds secs).

La montagne Sous-Dîne

Dans un virage le chemin s’élargit grandement et crée une percée dans la forêt. En levant la tête nous pouvons apercevoir la falaise de la Montagne de Sous-Dîne. Joe lève un doigt expert en direction de la crête et déclame sereinement “Ce soir on dort là-haut." La falaise est haute et abrupte et à la fois elle paraît si petite à cette distance.

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Cependant, d’un coup je prends conscience du chemin à parcourir et encore une fois, ça ne va pas être de la tarte.

En chemin vers le Chalet, nous serons doublés par un club de 4x4 Land Rover qui fera juste halte pour une bière au chalet puis demi-tour.

Après quelques heures de marche (oui, je suis toujours aussi lent et je n’étais pas le seul à traîner la patte), nous avons fait une pause au Chalet de Balme où se jouait un concert. Le chalet organise fréquemment des événements, faites un tour sur leur site pour en savoir plus : (site officiel du chalet de Balme)[http://chalet-de-balme.fr]. Pendant que Joe et son frère consultent la carte, nous buvons tranquillement une petite bière verte au génépi histoire de prendre des forces avant la montée.

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Pour faire le plein des gourdes, il y a à l’arrière du Chalet un bac d’eau en béton (pour les vaches) et un tuyau d’où sort une eau fraîche et goûteuse (pour nous et les vaches).

Grâce au concert, notre ascension s’est faite au son de musique pop rock ! C’était une bonne bande son qui aurait pu préfigurer de la suite des évènements (Highway to hell 🤟).

Nous repartons donc du chalet et passons le portique du pré des vaches. Le chemin est maintenant réduit à un simple chemin de randonnée pédestre, et les dénivelés commencent à être plus importants. Nous marchons à travers le pré entouré d’une herbe et de vératres au vert flamboyant. Le chemin nous mène au Col du Câble. La montée se fait plus abrupte jusqu’à ce que notre chemin finisse face à une paroi rocheuse. Un câble en métal est fixé à la paroi et de simples barres de fer en forme de “L” sortent de la falaise pour pouvoir y poser les pieds, enfin, dessous, un vide, profond.

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Malaise et panique à bord. Nous nous attendions vaguement à une via ferrata sur notre chemin, mais dans notre imaginaire collectif c’était quelque chose de simple et peu dangereux, une “Balade familiale”. Celle-ci n’est certes pas longue, mais une chute serait fatale. Une famille avec des ados nous précèdent. Elle, elle est équipée de baudriers et ne porte pas de sac de 15Kg. Le grand-père, leur meneur, semble avoir l’expérience de l’âge. Nous les regardons progresser en essayant de nous imaginer à leur place, mais sans protection. Nous enregistrons les placements des mains et des pieds.
Malgré leur équipement, le plus jeune fera demi-tour tétanisé par la peur au-dessus du vide.

La tension monte dans notre groupe. Deux d’entre nous ne font pas les fièrs et paniquent en leur fort intérieur, un autre est trop essoufflé pour faire demi-tour et le dernier… Je ne sais pas pour quelles raisons “stupides” mais nous ne faisons pas demi-tour pour passer par un autre chemin (qui lui aussi comporte un passage un peu complexe, mais ça on le découvrira au retour). Malgré cela, Joe toujours confiant nous rassure et que tout va bien aller. Il nous rappelle aussi la règle élémentaire de, toujours trois points d’appuis stables avant de bouger un membre jusqu’au prochain point d’accroche.
Lorsque la famille a fini de traverser, Joe passe en éclaireur. Avec Clément nous faisons un gros effort de lâcher prise pour nous atteler au passage, nous arrêtons de réfléchir aux conséquences et aux scénarios catastrophes et on se lance. Au milieu du chemin, au-dessus du vide et tiré en arrière par un sac à dos toujours trop lourd, je prends conscience de deux choses; Il est temps que je me mette sérieusement au sport et que mourir bêtement peut arriver à tout le monde, même à moi. Je m’agrippe de toutes mes forces au câble qui est ma ligne de vie et je calcule le moindre mouvement et ses conséquences. La traversée semble durer une éternité et ce chemin de fer est sans fin. Pour notre première via ferrata, c’est une épreuve apprise à la dure. Par chance tout le monde passe sain et sauf, et malgré le recul du temps lorsque j’écris ces lignes, je me souviens encore de ce moment de stress. C’est un peu comme sauter du haut du plongeoir de cinq mètres de la piscine, l’action paraît simple mais la peur réfrène l’élan.

La montagne Sous-Dîne
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Il est peu dire que ce passage nous a épuisé. Après une pause bien méritée allongés dans l’herbe à regarder les nuages, nous nous remettons en chemin à la recherche d’un coin pour manger. Nous trouvons un ensemble rocheux entouré de ce qui semble être de la rhubarbe sauvage. On se repose et on reprend des forces, la ligne d’arrivée n’est pas encore pour tout de suite. Nous faisons face à la chaîne montagneuse du Bargy et derrière, la chaîne des Aravis. Caché derrière l’un de ses pics se trouve le lac de Peyre. Est-il besoin de dire que ce paysage est magnifique?

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Nous reprenons notre marche sur un sentier de randonnée toujours au milieu du pré des vaches. À partir du col de l’Ébat, le dénivelé augmente. La fatigue est déjà bien installée dans nos membres. Autour de nous, le nombre de sapins diminue rapidement et la végétation est de plus en plus raze. La roche saille du sol et le sentier se couvre de cailloux glissant jusqu’à enfin arriver à une paroi rocheuse. Une flèche fluo peinte à même la roche pointe vers le haut pour indiquer le chemin. Nous allons devoir escalader. La voie est simple mais la difficulté vient de notre fatigue et du poids des sacs. Encore une fois, nous prenons notre temps pour grimper et admirer le paysage. À la fin de la voie, nous arrivons à la crête. Nous avons une vue imprenable sur les deux côtés de la Montagne de Sous-Dîne. D’un côté la chaîne des Aravis et de l’autre l’abrupte falaise que nous observions du bas suivie d’une plaine cernée de monts.

La montagne Sous-Dîne

La montagne Sous-Dîne
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Le sentier suit maintenant la crête. Malgré la fatigue, il faut être vigilant, car le chemin est escarpé et nécessite encore de grimper quelques monticules de roches. Mais bientôt nous arrivons sur un large plateau où dans quelques creux subsiste de la neige d’un blanc sale.

Nous faisons une halte à la croix et commençons à chercher un emplacement pour le bivouac. Il y aura quatre tentes en tout sur le plateau pour cette nuit.

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C’est bientôt l’heure du repas. Nous sortons tous notre sachet de nourriture à réhydrater et nous regardons Joe s’afférer autour de son sac puis le vider méticuleusement en fouillant chaque recoin. Après un appel téléphonique auprès de sa douce, le suspense s’arrête. Le brûleur à gaz est sur l’arbre à chat, au chaud à la maison. Pas de repas chaud ce soir. Enfin, si, car une tente plus loin, une jeune femme nous prète son brûleur et grâce à elle nous avons pu manger chaud et nous réchauffer un peu (Encore merci!).

Le soleil s’est couché dans un ballet magnifique mettant en scène des couleurs chaudes qui enchantent le paysage. La roche claire des montagnes se pare de reflets orangés qui contrastent avec le vert sombre de la prairie et le brun des sapins. La lumière rase accentue les reliefs du paysage. C’est l’heure et le lieu idéal pour prendre des photos.

La montagne Sous-Dîne
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La nuit sera calme et fraîche.



Le matin, à l’aube, nous observons le va et vient des bouquetins. Là aussi, le soleil par son levé magnifie la scène qui s’étend autour de nous. Des couleurs douces et pastelles. Nous prenons le temps d’observer le réveil de la nature.

La montagne Sous-Dîne

C’est déjà l’heure du retour. Il nous faut rebrousser chemin et désescalader ce qui a été escaladé. J’ai d’ailleurs trouvé une technique qui reste encore à peaufiner, la chute. En désescaladant un petit plan rocheux, j’ai levé la tête pour écouter Joe et sans m’en rendre compte j’ai basculé en arrière. Par chance, ce n’était pas très haut, mon trépied a aussi encaissé le choc et le sac à dos aussi. Encore un rappel qu’il faut faire plus d’attention et qu’un accident est trop vite arrivé.

La montagne Sous-Dîne

Nous n’avons pas repris le Col du Câble. Nous avons contourné la Roche Parnal pour passer par le Col du Freu. Le sentier de randonnée autour de la Roche Parnal est très agréable avec sa vue panoramique sur la chaîne des Aravis. Cependant, le Col en lui-même n’a rien de très réjouissant. Là, il va falloir désescalader une petite paroi aux prises lissées par les nombreux passages de randonneur durant des décennies. La roche est encore humide de la rosée matinale. Passé cet exercice ardu pour des non initiés, le sentier reprend avec une pente douce puis une plus forte lorsque nous arrivons en vue du chalet.

Nous faisons le plein d’eau dans l’abreuvoir des vaches, nous passons le portique du pré, et il ne nous reste qu’à descendre jusqu’au parking en cheminant dans la forêt encore fraîche de la nuit.

C’était encore une fois une belle aventure, où cette fois-ci, je pense avoir bien dépassé mes limites physiques.



Galerie de la Montagne de Sous-Dîne

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